Entreprises libérées : vers une nouvelle organisation du travail
Il aura fallu une pandémie mondiale pour voir naître un bouleversement des organisations et des méthodes de travail inter-entreprise. Nous sommes sans doute aux prémices de ce que les livres d'histoire appelleront plus tard “la révolution de l’entreprise”. Les dirigeants de ces organisations n’ont jamais été aussi ouverts aux concepts innovants pour leur affaire.
Puisque le sujet semble être sur la table, pourquoi ne pas mettre les deux pieds dans le plat et aborder un mode de fonctionnement d'entreprise qui résonne depuis plusieurs années déjà ?
Dans cet article, nous parlerons entreprise libérée, QVT et de l'importance de donner au salarié un droit de décision ainsi que des responsabilités.
Accrochez-vous bien à votre siège, car les prochaines minutes vont bousculer tous les principes hiérarchiques conventionnels. Vous êtes prêt ? Alors, allons-y !
Préambule
Qu'est-ce que l'entreprise libérée ?
Les entreprises libérées : une définition pour vous éclairer
Les précurseurs des entreprises libérées
Pourquoi devenir une entreprise libérée ?
Le retour d’expérience de Laurence Vanhée : Chief Happiness Officer
Gallup : un sondage révélateur
Des entreprises libérées qui donnent le bon exemple
Entreprise libérée exemple 1 : Permis de Bouger nous-même
Entreprise libérée exemple 2 : Access-sit, première entreprise libérée du Val-d’Oise
Les entreprises libérées ne sont pas une utopie
Préambule
Nous sommes bien placés pour le dire : les entreprises ne cessent d’évoluer et d'innover dans leur façon de travailler. Non seulement par nécessité, mais aussi pour s'adapter à un marché du travail en constante métamorphose. Aujourd'hui, nous allons insister sur l'organisation interne de celles-ci.
À cet instant précis, vous vous demandez sûrement où nous voulons en venir 🤔
L'holacratie, ça vous parle ? Cela consiste à confier la gouvernance et le pouvoir décisionnaire à l'ensemble d'une organisation plutôt qu'à une infime minorité d'individus.
Pourquoi nous vous parlons de ça ? En fait, ce principe de fonctionnement, certains ont cherché à le mettre en place au sein de leur entreprise. On les appelle les "entreprises libérées".
Malgré un management plus souple et une hiérarchie reconsidérée, les entreprises libérées créent une inertie de groupe bénéfique à tous ses salariés et à elles-mêmes. Et à la fin, tout le monde a le sourire ! Ou la patate comme on le dit chez nous 🥔
Alors, comment font ces entreprises pour rester pérennes avec un tel modèle managérial ? On vous explique tout dans les lignes à venir.
Qu'est-ce que l'entreprise libérée ?
Avant d’aller plus loin, commençons par définir le terme d’entreprise libérée et les origines d’un tel modèle.
Les entreprises libérées : une définition pour vous éclairer

Dans une entreprise libérée, les salariés sont libres et responsables d'entreprendre à leur poste toutes les actions qu'ils estiment la meilleure pour l'entreprise. Après tout, qui mieux que le salarié sait comment faire le travail du salarié ? (On dirait le slogan d’un célèbre concessionnaire automobile français 😅)
Partant de ce principe, on élimine les contrôles, les procédures, la surveillance et la hiérarchie directive. Ainsi, les managers d’une entreprise libérée se mettent au service des salariés tel un jardinier avec ses fleurs.
Toutefois, pour éviter une organisation anarchique, certains principes doivent être respectés :
- Tous les salariés doivent avoir une vision d’entreprise passionnante où chacun s’épanouit ;
- Des règles de bienséance et du vivre ensemble doivent être instaurées ;
- Les dirigeants doivent être prêts à mettre leur égo de côté 🍉
Vous l’aurez compris avec ce dernier point, l’entreprise libérée est avant tout une remise en question de la part des dirigeants. Isaac Getz, que nous vous présenterons plus loin, le disait ainsi : “Dans l'entreprise libérée le patron attribue les bons résultats aux salariés et les échecs à lui-même. “
Avec un tel modèle, les entreprises libérées performent, et ce, peu importe le secteur d’activité.
Les précurseurs des entreprises libérées
Le premier à parler d’entreprises libérées fut Tom Peters. En 1995, cet Américain spécialiste du management lance une réelle bombe sur les structures hiérarchiques vantées par le secteur industriel. En effet, dans son ouvrage “Liberation management”, il propose de travailler sur des projets coopératifs dépourvus des principes directifs conventionnels.
Toutefois, cette notion n’arrive en France qu’en 2009 avec la parution de “Liberté & Cie” écrite par Isaac Getz. L’auteur mesure le succès d’une entreprise, non pas à son chiffre d’affaires, mais à l’engagement de ses salariés. Pour lui, ces derniers doivent s’épanouir au travail pour rester engagés. Pour cela, il est nécessaire de leur donner des responsabilités et l’opportunité d’exploiter leurs compétences.
Par ailleurs, Isaac Getz (encore lui 😉) parle d’expérimentation constante basée sur l’intelligence et la capacité à réfléchir puis proposer des solutions dont chacun dispose. Il n’est donc plus question de “droit à l’erreur”, mais plutôt de “droit à l’essai”.
Pourquoi devenir une entreprise libérée ?
C’est vrai ça ! Pourquoi ?
En fait, les bienfaits d’une libération d’entreprise sont multiples et tout le monde y gagne.
Le retour d’expérience de Laurence Vanhée : Chief Happiness Officer
Chief Happi quoi ?
Chief Happiness Officer ou Assistant du bonheur pour les fidèles à la langue de Molière. Vous en apprendrez plus à ce sujet dans notre précédent article “5 métiers du futur pour transformer le monde du travail”
Bref ! Revenons-en à nos moutons 🐑
Auparavant DRH, Laurence Vanhée est devenue la première Chief Happiness Officer de Belgique. C’est d’ailleurs au sein du Ministère Belge de la Sécurité Sociale qu’elle fait ses premiers pas dans cette nouvelle fonction.
Elle restructure l’organisation du ministère et donne plus de libertés aux différents collaborateurs. Après s’être focalisée sur le bonheur au travail de ces derniers, son constat est sans appel. Un salarié heureux est :
✅ 2 x moins malade
✅ 6 x moins absent
✅ 55 % plus créatif
✅ 9 x plus loyal
C’est quand même profitable des salariés qui ont la frite 🍟😁

Gallup : un sondage révélateur
En 2017, l’institut d’étude Gallup a réalisé un sondage afin de mesurer l’engagement des salariés dans les différentes entreprises du monde. L’étude se base sur des questions telles que :
- Au travail, mon opinion semble compter ;
- J’ai l’impression que mon travail a de l’importance lorsque je me focalise sur la vision et l’impact de mon entreprise ;
- Je peux faire ce que je sais faire de mieux au travail ;
- Cette semaine, mon travail a été pris en considération et j’ai même été félicité pour ce que j’ai réalisé.
Au total, 12 points sont soumis aux salariés des différentes entreprises.
Eh bien, figurez-vous qu’en Europe de l’Ouest, le taux d’engagement est en dessous de la moyenne mondiale avec un petit 10 %. Nous sommes aussi la région du monde avec le plus important taux de désengagement : 19 %.
Pourtant, c’est dans cette partie du monde que l’économie est la plus forte.
Mais alors, le salaire n’impacterait donc pas l’engagement des salariés ? 😮
En tout cas, d’après cette étude, il ne serait pas l’unique facteur de motivation. Encore moins de bien-être au travail.
Comment devenir une entreprise libérée ?
Ce n’est pas une transition qui se fait du jour au lendemain. Au minimum 3 ans sont nécessaires pour instaurer ce qu’Isaac Getz appelle une philosophie d’entreprise.
Pour que cette transition fonctionne, des principes sont à respecter. Nous y avons consacré tout un article au sujet du RSE management, mais nous vous remettons ici les grandes lignes :
- Les dirigeants doivent faire preuve d’empathie et être à l’écoute ;
- Les salariés doivent se sentir libres afin de booster leur motivation et leur créativité ;
- L’entreprise se base sur une culture et des valeurs auxquelles chacun adhère ;
- Il faut faire disparaître le système hiérarchique conventionnel et éliminer le contrôle ;
- Un pouvoir de décision doit être laissé aux salariés lorsqu’une situation les concerne ;
- Les horaires de travail ne doivent pas être imposés ou à minima être souples ;
- Il faut établir une atmosphère bienveillante où chacun se soucie du bien-être des clients, de ses collaborateurs et de l’entreprise ;
- Les privilèges de statut ne doivent également plus exister ;
Le philosophe André Comte-Sponville le résume très bien :“Les salariés ce qu’ils cherchent ce n’est pas le travail, ce qu’ils cherchent, c’est le bonheur.“
La voilà la clé ! 🔑
Des entreprises libérées qui donnent le bon exemple
Entreprise libérée exemple 1 : Permis de Bouger nous-même

Oui, vous avez bien lu ! Vos yeux ne vous font pas défaut 👀
Aussi humble soit-on, nous n’allions pas manquer de vous faire part de notre fierté de libérés :
- La flexibilité des horaires. Chacun organise son temps comme il le souhaite, selon ses envies et ses obligations personnelles. De plus, pour accroître cette souplesse, nous sommes tous en télétravail.
- À chaque fois qu’une décision doit être prise, nous nous concertons et nous considérons l’avis de chacun.
- Nous travaillons tous dans la même direction qui est d’aider nos clients à repenser leur stratégie autour de concepts novateurs : QVT, RSE, etc. Et ça nous fascine !
- Gilles est là pour nous orienter dans la bonne direction. Sa fonction ? Business aiguilleur. Ce terme parle de lui-même. Il met son expertise et son expérience au service de nos projets sans jamais adopter un management directif. La confiance règne !
- Tout le monde a la patate 🥔. Il n’y a qu’à voir le sourire et l’enthousiasme de chacun lors de notre morning réunion. (à laquelle chacun est libre de participer ou non).
Entreprise libérée exemple 2 : Access-sit, première entreprise libérée du Val-d’Oise
Cette entreprise fabricante de mobilier de restaurant revoit son organisation inter-entreprise et son système managérial depuis 2015.
✅ Ici, chaque salarié dispose d’un droit d’expression et de suggestion. Toutes les voix ont la même valeur.
✅ Les managers sont désignés sur leur volontariat et avec l’avis favorable de tous.
✅ Être manager ne veut pas dire gagner en pouvoir décisionnaire. Il est plutôt question d’animer des réunions pour améliorer les process et l’organisation internes.
✅ Le bien-être au travail est l’objectif alors que l’évolution en est la conséquence.
Les entreprises libérées ne sont pas une utopie
Nous entendons déjà les incrédules se demander comment peut fonctionner une telle organisation inter-entreprise. 🧐
Après tout, ces doutes sont légitimes. Mais, laissez-nous vous expliquer sur quoi s’appuie ce modèle.
En réalité, il est question de trois piliers psychologiques universaux :
- L’égalité intrinsèque. Il s’agit ni plus ni moins de traiter les salariés avec confiance, respect et considération. Le salarié est compétent dans son domaine et cherche naturellement à bien faire. Valorisez-le et gratifiez-le !
- La réalisation de soi. Plutôt que l’épanouissement personnel ne s’arrête lorsque commence le travail, il faut donner au salarié la possibilité de s’épanouir dans l’entreprise. Nous avons tous besoin d’exprimer notre potentiel, autant le faire au travail.
- L’auto-direction. Personne n’aime qu’on lui dise ce qu’il doit faire. Alors, pourquoi vouloir à tout prix contrôler quelqu’un qui est formé pour sa mission ?
Outre une réorganisation hiérarchique, l’entreprise libérée impose de revoir sa façon d’aborder le travail :
- Le manager ne motive pas. Il fait confiance ;
- On ne travaille plus. On prend plaisir à œuvrer ;
- Plus personne ne se plaint. Tout le monde innove et cherche des solutions.
Alors ? L’entreprise libérée : nouvelle organisation du travail de demain ou dernière promesse utopique à la mode ?
Nous ne sommes pas voyants, mais nous remarquons que l’utopie, s’il y en a une, semble être pérenne chez les entreprises déjà libérées.