L’agriculture cellulaire : zoom sur la viande de demain

Préambule

Vous souvenez-vous de cette scène dans l’Aile ou la Cuisse durant laquelle nos amis Coluche et Louis de Funès découvrent la production de nourriture au sein de l’usine Tricatel ?

Si ces deux monuments du cinéma français semblent fascinés par cette “nourriture d’usine”, la scène n’en est pas moins effrayante 😱

Il faut dire que des poulets sortis d’un moule ont de quoi soulever quelques inquiétudes 🍗

Pourtant, produire de la viande sans maltraiter le moindre animal est désormais possible.

Alors, rassurez-vous. Nous sommes bien loin du mode de production Tricatel.

Il s’agit d’une production bien plus réaliste et bien plus encadrée qui s’appuie sur l’avancée de la science 🧪️

On appelle cela “l’agriculture cellulaire” 

Et ça tombe bien puisqu’il s’agit du sujet de cet article 🙃

Vous verrez que malgré quelques incertitudes, l’agriculture cellulaire s’avère être une réponse aux futurs enjeux sociétaux et environnementaux.


L’origine de l’agriculture cellulaire 


Il faut remonter à la fin des années 90 pour comprendre d’où vient l’agriculture cellulaire.

À cette époque, Willem Van Eelen, un scientifique hollandais obtient le droit d’élaborer de la viande de laboratoire 🔬

Malheureusement, sa volonté et son travail acharné n’aboutissent à rien de concluant ☹️

Mais, son échec permet tout de même de poser des bases théoriques sur ce que nous appelons aujourd’hui l’agriculture cellulaire.

De nombreuses start-ups telles que Memphis Meat aux USA ou Mosa Meat aux Pays-bas ont donc vu le jour pour développer cette nouvelle technologie.

🍔 Cependant, ce n’est qu’en 2013 que le premier hamburger cellulaire est mis au point et testé par le néerlandais Mark Post.

Dans les années qui suivent, la technique est utilisée à nouveau pour cultiver toutes sortes de viandes : poulet, canard, veau et j’en passe.


Comment fonctionne l’agriculture cellulaire ?

En réalité, c’est assez ingénieux 🤓

Des cellules souches sont prélevées sur un animal lors de sa biopsie. Ensuite, elles sont placées dans une solution riche en nutriments pour que ces dernières puissent se développer.

Ainsi, dans un environnement stérile, les cellules souches se multiplient jusqu’à l’apparition de fibres musculaires qui forment un morceau de viande.

Enfin… Pas tout à fait 😏

En fait, cela ne ressemble pas tout à fait à la viande issue de l’agriculture conventionnelle pour deux raisons ✌️ (ça, c'est le 2 façon passe-partout 😅) :

→ La viande ne passe pas par une étape de maturation. Normalement ce processus naturel permet l’attendrissement du muscle pour qu’il devienne quelque chose de comestible et d’agréable au palais.

→ Alors que la viande issue de l’agriculture cellulaire est composée uniquement de fibres musculaires, la viande conventionnelle contient également des nerfs, des vaisseaux sanguins et des cellules de matières grasses. Tout cela contribue à lui donner son goût et sa texture.


Pourquoi l’agriculture cellulaire peut-elle être intéressante pour l’avenir ?

Pour la start-up Mosa Meat fondée par Mark Post, la viande issue de l’agriculture cellulaire ne présente que des avantages :

✅ Son impact environnemental serait moins important que l’agriculture conventionnelle

✅ Il n’est plus nécessaire de tuer le moindre animal pour produire cette viande

✅ Elle réduit considérablement le risque de transmission de maladies infectieuses entre l’homme et l’animal

✅ Le goût de la viande de laboratoire est quasiment similaire à celui de la viande conventionnelle


D’après Paul Shapiro, l’auteur du best-seller “Clean meat : Comment la production de viande sans animaux va révolutionner le dîner et le monde”, elle est aussi un atout pour l’avenir.

Laissez-moi vous expliquer pourquoi 👇

D’après l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, aujourd’hui, l’agriculture conventionnelle c’est :

💨 18 % des émissions de gaz à effet de serre sur l’ensemble de la planète

🚜 30 % des sols dédiés à l’agriculture

⚡️ 8 % de la consommation mondiale des ressources de la planète et notamment de l’eau

Ce bilan n’ira pas en s’améliorant lorsque la population mondiale avoisinera les 9,5 milliards d’habitants d’ici à 2050.

Avec l’unique aide de l’agriculture conventionnelle, la viande ne sera pas accessible pour tout ce petit monde 😢

C’est là que l’agriculture cellulaire arrive tel un superhéros 🦸

Quoi que… Pas sûr qu’elle n’apporte pas son lot de problématiques… 🙄


L’agriculture cellulaire une fausse solution miracle


Si elle offre de belles perspectives, l’agriculture cellulaire semble faire face à quelques problématiques qui pourraient freiner son développement.


🌍 Est-ce si bon pour la planète ?

Plusieurs facteurs laissent penser que l’agriculture cellulaire est plus respectueuse de l’environnement que les pratiques conventionnelles.

Une étude de 2011 a démontré qu'en comparaison à la viande issue de l’agriculture traditionnelle, la viande cultivée permettait de réduire de :

  • 78 à 96 % les effets de serre
  • 7 à 45 % l’énergie consommée pour la production
  • 82 à 96 % l’utilisation d’eau

Par ailleurs, l’agriculture conventionnelle dégage du méthane. Ce gaz est 25 fois plus important pour l’effet de serre en comparaison avec le CO² dégagé par la production de viande cultivée.

Présenté sous cet angle, l’agriculture cellulaire semble se positionner comme LA solution idéale pour l’avenir 🧐

Mais (parce qu’il y a toujours un “mais”) c’était sans compter sur certains points non négligeables… 🙄

En 2021, le cabinet néerlandais CE DELF a réalisé une étude basée sur les données transmises par plus de 15 entreprises productrices de viande de laboratoire.

Et vous savez quoi ?

Le constat n’est pas aussi enthousiasmant que la première étude de 2011.

En effet, lorsqu'on se penche sur la nature des énergies utilisées par ces entreprises, le bilan environnemental de cette industrie est moins bon que la production conventionnelle de viande de porc, de poulet ou même de viande végétale 😐

Seule la production de viande bovine affiche un pire bilan.

En réalité, pour que l’agriculture cellulaire ait un meilleur impact environnemental, il faudrait qu’elle n’utilise que des énergies renouvelables ♻️

Malheureusement, ce n’est pas encore le cas…

Par ailleurs, bien que l’effet de serre causé par le CO² soit moins important que celui du méthane, celui-ci circule énormément dans l’atmosphère. Sur le long terme, il a un impact négatif plus important 👎


💛 Et notre santé dans tout ça ?


Comme le disait Socrate : “Existe-t-il pour l’Homme un bien plus précieux que la santé ?” 🤔

Il est légitime de se poser des questions quant aux risques pour la santé de consommer de la viande cultivée.

En réalité, celle-ci semblerait poser moins de problèmes que la viande conventionnelle.

Elle ne présente aucune trace d’antibiotiques, de pesticides ou d’hormone de croissance. De plus, l’agriculture cellulaire n’utilise aucun OGM.

Par ailleurs, la viande cultivée est produite dans un endroit stérile. Ce qui n’est pas le cas des abattoirs. Les risques de maladies infectieuses telles que la salmonelle sont donc inexistants.


🐄 Une solution contre la souffrance animale ?

Nombreuses sont les associations engagées qui dénoncent les pratiques des abattoirs et la souffrance des animaux.

C’est un débat qui prend de plus en plus de place dans notre société.

L’agriculture cellulaire pourrait bien être la réponse à ce débat.

Enfin presque… 🙄

Si l’agriculture cellulaire permet de produire de la viande sans ne jamais tuer aucun animal, elle nécessite d’utiliser le sérum fœtal bovin.

Celui-ci est riche en nutriment et permet la croissance de la viande in vitro. 

🔎 Le problème ?

Ce liquide est obtenu sur des fœtus vivants après l’abattage de leur mère…

Tant que ce procédé ne changera pas, il sera difficile de dire que ce mode d’agriculture ne fait aucune victime.


Sommes-nous prêts à passer à l’agriculture cellulaire ?


Si aucune viande cultivée n’est encore disponible sur les étales des supermarchés en Europe, la question pourrait bien se poser dans les années à venir.

Pour le moment, moins de 10 % des Français considèrent la viande de laboratoire comme une solution d’avenir.

Un gros travail est encore nécessaire pour gagner la confiance des consommateurs et instaurer cette pratique dans nos sociétés.

Un autre point pourrait bien être un frein à l’arrivée de la viande cultivée : son coût 💲

Si nous sommes loin des 330 000 $ dépensés pour produire le premier burger à base de viande cultivée, les chercheurs peinent encore à rendre le produit abordable.

Par exemple à Singapour, des nuggets de poulet sont disponibles pour un tarif de 50 $ l’unité 😱

À ce prix, le poulet va devenir un produit plus noble que le caviar 😅

Enfin, la production à grande échelle est un autre challenge d’envergure. 

Comment mettre en place les infrastructures afin de nourrir toute la planète ?

En voilà d’un défi, et pas des moindres !

Et vous ? Êtes-vous prêt à faire le pas pour l’agriculture cellulaire ?

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