Mener une stratégie RSE en 7 étapes en 2021

‍L’évolution la plus considérable dans la relation à l’égard de l’entreprise est [...] l’apparition progressive d’une attente de contribution au bien commun.

- L'entreprise XXIème siècle sera politique ou ne sera plus, Pascal DEMURGER

Contribuer au bien commun, voilà certainement une belle manière de résumer les objectifs d’une démarche RSE. Or, si 70 % des entreprises sont conscientes qu’elles doivent devenir sociétales, seuls 30 % des organisations ont mis en œuvre de réelles actions. (Deloitte, Tendances RH 2018) Faute de mise en place d’une solide stratégie RSE, toutes les petites actions isolées chapeautent. Nous vous présentons donc 7 étapes pour la mise en place d’une stratégie RSE viable, pérenne et efficace. 

SOMMAIRE :

- Embarquer tout le monde dans sa stratégie RSE
- Comité de direction
- Salariés
- Manager
- Parties prenantes
- L’analyse de matérialité : outil stratégique pour une RSE efficace
- Prioriser les actions de sa démarche RSE
- Déploiement de la stratégie RSE
- Institutionnaliser des actions RSE au sein de l’entreprise
- Rendre votre stratégie RSE visible
- Rejoindre le réseau des entreprises à impact positif

1. Embarquer tout le monde dans sa stratégie RSE 🤝

Le service RSE reste encore une grande nébuleuse dans les entreprises : une personne sur deux ne sait pas qui est chargé de la RSE (60% chez les « non managers »). Seulement 15% des salariés se disent engagés dans la démarche RSE de leur entreprise alors que plus de 70% voudraient l’être davantage. (Baromètre RSE  : Salariés et entreprises responsables, enquête Ekodev, 3° édition)

Ces chiffres parlants prouvent qu’une bonne stratégie RSE doit passer avant tout par l’adhésion de tous les acteurs gravitant autour de l’entreprise. Évidemment ce travail demande patience et organisation. 

Dans un premier temps, vous pouvez nommer des personnes sensibles aux sujets liés au développement durable. Ils auront pour rôle, sur leur temps de travail, d’initier la stratégie RSE et de la rendre opérationnelle. Ils pourront ensuite communiquer le désir de s’engager à l’ensemble des personnels, embarquer les managers, la direction, et l’ensemble des parties prenantes pour que tous se sentent concernés et investis dans la démarche. 

Comité de direction 💼

La majorité des démarches RSE actuelles n’atteignent pas leurs objectifs parce qu’elles sont à charge d’un petit groupe de personnes portant tout le poids sur leurs épaules sans aucun investissement des instances dirigeantes. Or, lorsque la stratégie RSE n’est pas clairement établie comme une priorité par les dirigeants de l’entreprise, elle tend à avorter après quelques mois. 

Salariés 👨

Les salariés réclament de plus participer à la RSE de leur entreprise. Ils veulent plus d’information et de formation à ce sujet, ils veulent agir. Selon l’étude Gallup 2016, seulement 10% des salariés se sentent professionnellement engagés en France. Dans la récente étude Glint, ce ne sont que 10% des employés qui disent entrer dans une forme de travail basée sur l’empowerment. Engager une stratégie RSE, c’est permettre de créer du lien et de réengager les salariés dans leur travail de manière participative : redonner du sens, créer des valeurs partagées. 

Manager 📖

Une bonne stratégie RSE passe immanquablement par l’implication des équipes managériales. Nous avons déjà consacré un long billet à ce propos : RSE management, 8 leviers pour tout transformer. Il s’agissait principalement

• d’inciter les managers à sortir des formes de leadership classiques pour se lancer dans un management participatif basé sur la confiance et l’empowerment (tiens, on retrouve le désir exprimé plus haut par les salariés, comme c’est bizarrement logique !!)
• De faire des objectifs de développement durable un fil conducteur dans leur ligne managériale

Parties prenantes 🌎

Foundational to behaving as a social enterprise is to listen carefully to the external as well as the internal environment - not just business partners and customers, but all parties in society that an organization influences and is influenced by.

- The rise of the sociale entreprise, 2018, Deloitte Global Human Capital Trends

Une stratégie RSE ne doit pas se penser seulement avec les acteurs internes de l'entreprise. Il s’agit de se tenir à l’écoute active de toutes les parties prenantes : collaborateurs, clients, fournisseurs, actionnaires, générations futures, pouvoirs publics, syndicats, ONG, riverains. Qu’attendent-ils de vous, qu’ont-ils à proposer ? Quels axes d’amélioration vous suggèrent-ils?

Il faut prendre en compte leurs attentes exprimées de façon ouverte, mais aussi les signaux faibles que vous pourrez capter grâce à une écoute et une veille attentive : 

Les signaux faibles sont les éléments de perception de l’écosystème [...] comme l’émergence de certaines start-up dans un domaine particulier, les publications du monde de la recherche, les évolutions du langage, des articles de presse, les mouvements étudiants [...] Pour percevoir ces signaux faibles [...] apprenons à écouter, observer, et être plus attentifs à ce qui se passe largement autour de nous.

- L'entreprise responsable et vivante, Donner du sens au travail avec la RSE, Louise BROWAEYS

👉🏻 En conclusion, pour maintenir une dynamique RSE dans la durée, il est fondamental qu’elle devienne une démarche intégrée regroupant tous les acteurs de l’entreprise. 

2. L’analyse de matérialité : outil stratégique pour une RSE efficace 📈

L’analyse de matérialité permet de construire une vraie stratégie RSE cohérente et sincère, loin des pratiques de RSE greenwashing.

L’écoblanchiment consiste à orienter sa démarche RSE vers des actions anecdotiques mais très médiatisées, histoire de se donner bonne conscience et de faire passer la pilule pendant que le reste de son business model prolifère sur des projets très polluants.

La base d’une stratégie RSE efficace et honnête, c’est au contraire de bien connaître son business, et de recenser les impacts de son secteur d’activité, ses potentiels, ses axes d’amélioration possibles. Une analyse de matérialité permet la hiérarchisation des enjeux essentiels liés à la RSE au regard des priorités, de l’histoire, des valeurs de l’entreprise, et des attentes des parties prenantes (d’où leur essentielle consultation, voir partie 1, cqfd !) 

Elle permet d’identifier les sujets clés sur lesquels agir pour :

• impacter la performance de l’entreprise 
• influer sur le regard des parties prenantes vis-à-vis de l’entreprise. 
  

Grâce à la prise en compte des différents acteurs et à l’analyse de matérialité, vous pouvez construire une stratégie RSE cohérente, basée sur des outils forts et systémiques, un business model inclusif et éthique, un management orienté sur la durabilité.

3. Prioriser les actions de sa démarche RSE 💯

Le défaut courant d’une démarche RSE enthousiaste mais éparpillée, c’est de vouloir livrer bataille sur tous les fronts à la fois, avant de s’essouffler et de tomber à l’eau précocement. C’est une erreur de stratégie à laquelle permet de remédier l’analyse de matérialité. Une fois votre cartographie établie, dressez deux ou trois grands engagements, des axes prioritaires qui seront les chevaux de bataille de votre stratégie RSE.  

Les premiers grands combats peuvent être des sujets emblématiques, en rapport avec votre métier : l’énergie et le climat, la biodiversité ou encore l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes. Vous attaquer à un sujet vous amènera à changer de regard, au-delà de vos espérances.

- L'entreprise responsable et vivante, Donner du sens au travail avec la RSE, Louise BROWAEYS

Lorsque vos actions seront priorisées, n’hésitez pas à vous engager publiquement. N’ayez pas peur de l’échec ou de la critique. Un engagement public permet de s’investir de façon plus pérenne dans la démarche, en se fixant des objectifs, des limites, des échéances.

4. Déploiement de la stratégie RSE 🌱

Cet effort de structuration de votre stratégie RSE est essentiel pour sa mise en œuvre efficiente. Comme tout plan d’action, elle doit se faire de façon méthodique, avec une feuille de route, des objectifs, des indicateurs, des objectifs SMART (Spécifiques, Mesurables, Atteignables, Réalistes et Temporels). 

Ainsi, votre démarche RSE ne doit pas énoncer de simples engagements flous (par exemple arrêter le gaspillage). Elle donne des indications précisément formulées. Si on continue l’exemple du gaspillage, ça peut donner :

• Fixer des engagements précis : réduire le gaspillage de papier
• Avec des objectifs quantifiés : diviser par deux les quantités de photocopies
• Des indicateurs quantitatifs ou qualitatifs : pourcentage de diminution du nombre de photocopies d’une année sur l’autre
• Un moyen pour y arriver : un badge nominatif avec un nombre de photocopies déterminé pour chaque salarié à ne pas dépasser
• Une échéance : un an
• Une évaluation : objectif atteint ou non ? Pourquoi ? Quel service est consommateur de papier ? Pourquoi ? Comment remédier au problème ?
  

5. Institutionnaliser des actions RSE au sein de l’entreprise 🚀

Une stratégie RSE orientée vers l’extérieur mais inexistante dans les bureaux, ce n’est pas terrible pour l’image de l’entreprise. Si vos salariés au bureau ne sont jamais sollicités pour mettre en place des actions écolos, ils ne seront pas dans l’état d’esprit de la démarche responsable de leur boite. 

Le processus d’institutionnalisation de petites actions symboliques se révèle alors nécessaire à la cohérence de votre stratégie RSE. Par exemple : bannir le plastique et les capsules de café en aluminium, proposer du café biologique et équitable, mettre en place le tri des déchets, lutter contre les lumières allumées et les appareils laissés en veille, faire de la douce mais répétitive pédagogie. 

Vous pouvez vous inspirer de la Maif :

Nous incitons nos salariés à éviter [...] le recours à un véhicule individuel à essence pour leurs trajets domicile-travail, en faisant supporter par l’entreprise cent pour cent du coût des abonnements aux transports en commun, en versant des indemnités kilométriques à ceux qui préfèreraient le vélo ou encore en mettant à disposition des bornes de recharge pour les véhicules électriques [...]. La totalité du papier utilisé pour nos besoins internes ou pour la communication avec nos sociétaires, est issue du recyclage [...] Nous veillons à limiter notre production de déchets et sommes en train de bannir les gobelets en plastique des fontaines à eau et autres machines à café.

- L'entreprise du XXIème siècle sera politique ou ne sera plus, Pascal DEMURGER

6. Rendre votre stratégie RSE visible 👀

Nous avions déjà évoqué le rôle de la communication dans le poids de l’engagement pris face au public. Ici, il s’agit de réaffirmer l’importance marketing de votre démarche RSE afin de vous construire une identité de marque responsable. En communiquant sur vos actions, vos missions, votre raison d’être, vous construisez un storytelling efficace pour toucher l’affect et transformer le regard que l’on porte sur votre entreprise. 

Vous êtes identifié comme entreprise responsable, attractive, dynamique, en qui l’on peut avoir confiance, et avec laquelle on peut tisser une relation durable.Un atout de poids, qui peut vous démarquer de vos concurrents et vous inciter à passer du côté des sociétés à mission. 

7. Rejoindre le réseau des entreprises à impact positif 💚

Une stratégie RSE, c’est enfin s’approprier les référentiels du développement durable existant, se mettre à jour dans ses pratiques de reporting, et pourquoi pas se lancer, comme plusieurs avant vous, dans une certification environnementale, comme la certification B-Corp. Mais c’est encore franchir un cap.

Pour la jouer fin stratège, quoi de mieux que d’observer les autres joueurs, apprendre de leurs réussites et leurs échecs, et lancer sa propre entreprise dans la partie ! Des outils existent pour évaluer son impact en mesurant ses données ESG. Entrainez-vous !